Grossesse

Absolument rien n'empêche une femme paralysée médullaire de concevoir. Les études démontrent que les chances d'avoir un enfant en bonne santé sont exactement les mêmes que pour n'importe quelle autre femme. Certaines complications peuvent cependant survenir plus fréquemment, avec notamment un risque accru de caillots sanguins, d'infections urinaires, de dysréflexie autonome ou d'escarres.

 

BON À SAVOIR

Vous envisagez de devenir maman et aimeriez en discuter et vous renseigner sur toutes les implications d'une grossesse ? La plupart des futures mamans paralysées médullaires traversent leur grossesse sans aucune complication ni aucun problème. 
Notre service conseil est à votre disposition. Vous trouverez également sur le site activités de conseil des liens vers des listes de professionnels en Suisse qui peuvent vous accompagner durant votre grossesse, ainsi que des interlocuteurs spécialisés, tels que des sages-femmes et des médecins spécialisés dans le suivi des futures mamans paraplégiques.

 

MÉDICAMENTS

Vos médicaments doivent impérativement être vérifiés avant toute grossesse, car certains peuvent augmenter le risque de souffrance fœtale, comme par exemple les antispasmodiques, les traitements visant à relaxer la vessie ou encore les antalgiques (benzodiazépines, carbamazépine, tétracyclines et anti-inflammatoires). Cette vérification doit être effectuée par un médecin ; lui seul peut trouver le bon équilibre entre les risques de souffrance fœtale et vos besoins médicamenteux. N'hésitez pas à contacter notre service conseil pour en savoir plus ou en cas de doute.

 

VOIES URINAIRES

La fonction urinaire est toujours affectée par la grossesse : une femme enceinte est deux fois plus susceptible de développer une infection urinaire. En effet, la présence accrue de progestérone, une hormone produite en plus grande quantité durant la grossesse, relaxe les muscles lisses des uretères, causant ainsi un ralentissement du débit urinaire des reins vers la vessie. En raison de la pression croissante engendrée par l'utérus sur la vessie, il devient alors plus difficile de complétement vider celle-ci, et le débit urinaire est également ralenti. Les bactéries ont donc plus de temps pour se multiplier dans l'urine avant d'être évacuées. La présence d'urine résiduelle (l'urine qui reste dans la vessie) augmente ainsi le risque d'infection.
Une femme qui n'est pas enceinte est généralement traitée pour une infection des voies urinaires si elle présente des symptômes. Chez la femme enceinte en revanche, une infection asymptomatique peut augmenter le risque de naissance prématurée. En effet, durant la grossesse, une infection urinaire peut parfois remonter les uretères et provoquer une infection rénale, entraînant la propagation de substances inflammatoires dans la cavité abdominale, ce qui peut déclencher un travail prématuré. C'est pourquoi il est important d'effectuer des analyses d'urine fréquentes, du moins dans le cadre des consultations prénatales, afin de détecter et prévenir toute infection potentielle à temps. Les femmes enceintes paralysées médullaires souffrant d'infections urinaires récurrentes sont souvent traitées avec des antibiotiques pour prévenir ces problèmes.

 

PROBLÈMES INTESTINAUX

La grossesse peut également accroître les problèmes liés aux troubles intestinaux. La pression utérine sur le rectum peut entraîner une constipation chez certaines femmes, tandis que d'autres peuvent avoir des problèmes d'incontinence anale. Un intestin plein peut causer spasticité et contractions utérines. La constipation est très courante chez les femmes enceintes mais un traumatisme médullaire peut parfois l'aggraver – une alimentation riche en fibres, un apport d'eau et de liquides suffisant et les bons médicaments contribuent largement à prévenir ces problèmes. 
Les femmes enceintes prennent également souvent des suppléments en fer, ce qui contribue à l'effet constipant, mais on peut l'éviter en prenant les suppléments en fer par voie intraveineuse au lieu de la voie orale. 
Vers la fin de la grossesse, des hémorroïdes douloureux peuvent parfois apparaître, causant une augmentation de la spasticité.

 

LA DYSRÉFLEXIE AUTONOME

La dysréflexie autonome peut se produire chez les traumatisés médullaires de niveau T6 à T8. C'est une réaction du corps à une douleur ou à un stimulus douloureux situé sous le niveau de la lésion médullaire, déclenché par exemple par une distention de la vessie, une pression, une constipation, une irritation cutanée ou une infection d'un ongle, ou encore par des vêtements trop serrés. L'accouchement est un facteur de déclenchement majeur, mais d'autres facteurs liés à la grossesse augmentent également les risques, notamment : infections urinaires, constipation, pression utérine ou encore contractions de Braxton Hicks (appelées communément « fausses contractions »).
La dysréflexie autonome entraîne une hausse brutale de la tension artérielle. Parmi les symptômes, on observe un mal de tête lancinant et sévère, des rougeurs cutanées au-dessus du niveau de la lésion médullaire, la nausée, une arrythmie cardiaque et des troubles de la vision. On traite et prévient la dysréflexie autonome en évitant ou en éliminant simplement le stimulus qui en est à l’origine. Il est conseillé de rester assise bien droite afin de limiter la pression sur le cerveau. Portez des vêtements amples et des chaussures lâches, desserrez tout ce qui comprime. Un traitement médicamenteux contre l'hypertension sera nécessaire si ces quelques mesures ne suffisent pas. Les antihypertenseurs ne nuient pas au fœtus et peuvent donc être tout à fait prescrits à une femme enceinte.

Les symptômes de la dysréflexie autonome et de la prééclampsie sont similaires, il est donc essentiel d'établir le bon diagnostic pour savoir si on est face à l'une ou à l'autre. Bon à savoir : en cas de dysréflexie autonome, la tension artérielle revient généralement à la normale entre les contractions. durant l'accouchement - alors qu'elle reste élevée et persiste en cas de prééclampsie Dans tous les cas, ces deux affections sont potentiellement mortelles si elles ne sont pas traitées.